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L E S    E B L O U I S 

féérie philosophique et métaphysique 

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Lien vers le teaser du spectacle.2019.

 https://vimeo.com/312189561 

Conception et mise en scène Lydie Parisse

Texte, dessins, scénographie Lydie Parisse et Jean-Luc Parant

Avec Ludivine Bluche, Charles-Eric Petit, Yves Gourmelon.

Lumière, régie générale Eric Laborde

Régie Fabien Le Prieult 

Musique et espace sonore Colombus duo, Moabi, E. Valeur

Vidéo Y. Gourmelon, Arnaud Romet, E. Valeur

avec le soutien de l'Espace Appia dans le cadre du dispositif d'aide à la résidence Drac Occitanie, du Relais (Le Catelier, Normandie), du Ring, du Ciam (Toulouse), de la Marelle (Marseille) où la pièce a été écrite en résidence.

« Aujourd’hui il y a des hommes qu’on empêche de renaître pour être eux-mêmes et heureux de l’être, il y a des hommes qu’on fait redevenir des animaux. Ils marchent, ils quittent leur territoire, ils migrent mais on les empêche de renaître ailleurs que là où ils sont menacés. Si ces hommes qui migrent prennent tant de risques pour migrer, s’ils sont prêts à prendre le risque de mourir noyés, c’est qu’ils sont véritablement prêts à renaître. »

Jean-Luc Parant

 

Comment parler de l'invisible, de ce qu'on ne nous dit pas, de ce qu'on ne nous montre pas? Comment la question du regard est-elle liée à la quête du bonheur?  

Ce spectacle tout public pour trois acteurs propose un voyage dans l'univers de Jean-Luc Parant : les boules, les bibliothèques idéales,les dessins. Il permet de rendre compte d’un regard singulier sur le monde, tout en s'interrogeant sur la nature de la vocation artistique.

Jean-Luc Parant se dit "fabricant de boules et de textes sur les yeux". Il expose dans de nombreux musées (Centre Georges Pompidou, Fondation Maeght, etc) et ses textes poétiques sont publiés aux éditions Fata Morgana, José Corti, Bourgeois, etc.

La fable commence ainsi : un soir de Noël, deux jeunes orphelins ont échoué dans une sorte d’hôtel en bord de mer, à Marseille. Un poète leur propose de les mener vers le royaume de l'avenir, ce qui sera possible s’ils veulent bien visiter les pièces de cet étrange palais : ils traverseront la chambre du soleil et de la terre, l'antichambre de la bibliothèque idéale, l'antichambre des arbres, l'arrière-chambre des animaux, l'arrière-chambre des yeux, et bien d’autres, qui correspondent à des déclinaisons différentes de l’œuvre de Jean-Luc Parant. 

La pièce se déroule en dix tableaux. Trois acteurs évoluent dans un espace où neuf décors sont projetés. Ce sont des aquarelles de chambres dessinées par Lydie Parisse, intégrant des collages issus d'oeuvres de Jean-Luc Parant. Des boules-papier gros format de Jean-Luc Parant sont présentes sur scène. La scénographie intègre aussi une oeuvre vidéo de Lydie Parisse présentée au Frac Paca en 2017. 

Lien vers une vidéo de L. Parisse qui sera dans le spectacle

 

https://vimeo.com/251825238

 

JEAN-LUC PARANT

Lien vers une rencontre avec Jean Luc Parant et une exposition organisées par Lydie Parisse à l'université de Toulouse 2.

https://www.youtube.com/watch?v=XoDDbxdLuig

Le 5 février 2015, à la librairie Etudes à Toulouse, Lydie Parisse (également maître de conférences à l'université) a animé une rencontre entre Jean-Luc Parant et les étudiants du Master Création littéraire et Métiers de l’écriture de l’université de Toulouse 2. Elle a contribué, en partenariat avec la  galerie Etudes, à la mise en place de l’exposition « Mots et merveilles », sous le commissariat de Gérard Tiné. Des actions ont eu lieu en amont de la rencontre et pendant. Lydie Parisse a animé un atelier d’écriture avec des étudiants autour des objets de l’exposition, et encadré une performance collective autour d’un texte de Jean-Luc Parant.

 

Autres liens vers l'univers de Jean-Luc Parant

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Luc_Parant

 

https://www.youtube.com/watch?v=bUG3IzND5n4

 

https://www.youtube.com/watch?v=kvzY7wd1ADk

 

https://www.youtube.com/watch?v=PC7W_XQ2JVw

EXTRAITS DU TEXTE (inédit)

PROLOGUE

 

 

Le Poète.—  Je m’appelle Jean-Luc Parant, je suis fabricant de boules et de textes sur les yeux. Un jour de printemps, mon cœur s’est arrêté de battre pendant quelques minutes. On m’a sauvé, et pour cela on m’a plongé pendant dix huit jours dans un sommeil artificiel, à l’hôpital. Pendant dix huit jours j’ai rusé avec la mort, et deux enfants sont venus me visiter dans mes rêves. Aujourd’hui je suis convaincu que ce n’était pas des rêves.  Il y avait une petite fille aux cheveux blancs et son frère, plus jeune qu’elle. Leurs joues étaient douces et leurs yeux fiévreux, comme s’ils ne pouvaient voir que de nuit, comme s’ils avaient besoin d’hiberner avant de renaître au printemps. Ces enfants venaient me visiter dans mes rêves, il y avait cette petite fille aux cheveux blancs qui me parlait. Puis je suis revenu à la vie. Ce qui est certain c’est que si on m’a fait revenir, ce n’est pas pour rien.  

Tandis qu’on était en train de réparer mon cœur en panne en réglant une petite machine  placée sous ma peau, la petite fille aux cheveux blancs m’est apparue et elle m’a dit : dessine-moi une chambre où je puisse habiter. Puis son frère est venu, il était plus jeune qu’elle, et il m’a dit : dessine-moi une boule. Je leur ai demandé pourquoi ils n’étaient pas avec leurs parents, ils m’ont répondu qu’ils venaient de l’autre côté de la mer et qu’ils avaient perdu leurs parents.

Aujourd’hui il y a des humains qu’on empêche de renaître pour être eux-mêmes et heureux de l’être, il y a des humains qu’on fait redevenir des animaux. Ils marchent, ils quittent leur territoire, ils migrent mais on les empêche de renaître ailleurs que là où ils sont menacés. Si ces humains qui migrent prennent tant de risques pour migrer, s’ils sont prêts à prendre le risque de mourir noyés, c’est qu’ils sont véritablement prêts à renaître.

Alors j’ai dessiné une chambre et j’ai sculpté une boule. Mais comme les enfants n’étaient jamais satisfaits, j’ai dû continuer à dessiner des chambres et des chambres, continuer à sculpter des boules et des boules, et les enfants n’étaient toujours pas satisfaits, alors j’ai compris qu’ils étaient des pauvre-de-monde et que j’allais, par mes boules, leur donner le monde. Vous n’allez pas me croire : ils étaient si avides qu’ils sont entrés dans mes dessins, que  nous sommes entrés dans mes dessins.

 

TABLEAU 1

 

Chambre des enfants . Intérieur nuit.

 

 

Décor projeté d’une chambre avec sur les murs, une tapisserie de boules dessinées par Jean-Luc Parant.

 

Lui.—  Tu dors ?

 

Elle.—  Et toi ?

 

Lui.—  Mais non, je ne dors pas, puisque je te parle.

 

Elle.—  Ce Père Noël ne viendra pas pour nous cette année. Mais il viendra l’année prochaine.

 

Lui.—  C’est long, l’année prochaine. Tu crois que ce Père Noël nous ramènera papa et maman ?

 

Elle.—  Je ne sais pas.

 

Lui.—  Où sommes-nous ?

 

Elle.—  Nous sommes à Marseille, dans une drôle de maison. La fenêtre de la chambre donne sur la mer. Tu as beaucoup dormi, tu as fait des cauchemars.

 

Lui.—  Je vois rien. 

 

Elle.—  C’est normal il fait nuit.

 

Lui.—  C’est pas une chambre. Je veux ma chambre à la maison. Demain matin, on nous jettera dehors ?

 

Elle.—  Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que ce n’est pas un lieu pour habiter.

 

Lui.— Fermez les yeux, ouvrez grandes vos oreilles.

 

Elle.—  Vous êtes le Père Noël ?

 

Le Poète.—  Je m’appelle Jean-Luc Parant. Plein de personnes réfugiées ont été rejetées par la mer.

 

Elle.— Vous aussi, vous êtes une personne réfugiée ?

 

Le Pte..— Comme vous je suis un survivant, j’ai survécu à mon cœur, il s’est arrêté. Après  dix huit jours,  je suis revenu à la vie.

 

Lui.— Je veux voir papa et maman.

 

Le Pte.— Fermez les yeux et vous les verrez.

 

Elle.—  Est-ce que c’est vivant, les yeux ?

 

Le Pte.—  Si tu avais des yeux partout sur ton corps,

des pieds à la tête,

tu verrais partout à la fois,

tu verrais le monde de partout à la fois.

Continuez à fermer les yeux, j’ouvre la fenêtre, écoutez, écoutez la musique.

 

La fenêtre s’ouvre toute seule. On entend des bruits de circulation.

 

Lui.—  Y a pas de musique. Seulement des bruits de voitures, dans la rue qui longe la mer, en bas.

 

Le Pte.—  Les bruits de la route, des camions, des voitures, des machines,

c’est de la musique, un grand musicien le disait.

On dit que c’est des bruits parce qu’on ne les écoute pas,

mais si tu les écoutes, tu entends une musique.

 

Elle.—  Je n’entends que le bruit de mon cœur qui bat tout fort.

 

Le Pte.— Je ferme la fenêtre. 

 

La fenêtre se ferme toute seule. Fin des Bruits de circulation.

 

(à Elle) Ecoute … tu tournes avec ton cœur tout autour de la Terre,

comme tu te déplaces avec tes pas.

Nous sommes sur une petite planète qui tourne et avance tout autour de son axe,

Nous sommes sur des cordes très fines dans un espace infini. 

Tu n’es pas d’un pays ou d’un autre,

Tu es dans l’univers,

loin,

Où sommes nous ? D’où venons-nous ?

Nous ne le savons pas, nous ne pourrons jamais le savoir.

L’espace  est infini, je vais vous mener au royaume de l'avenir.

 

Elle.— De l'avenir ?  

EXTRAIT DU JOURNAL (inédit) DE LYDIE PARISSE

SUR JEAN LUC PARANT

Quand j’ai écouté Jean-Luc Parant pour la première fois, c’était sur le parvis de l’église saint Louis, juste en dessous de chez moi, dans le Quartier haut, à Sète, lors du festival Voix Vives en 2014. Il parlait de la nuit, de la nuit d’où jaillit l’écriture, il parlait de l’humain perdu dans l’immensité, et du mystère des yeux. Le vent soufflait sur le parvis qui surplombe la mer, le vent gonflait les toiles blanches des chaises longues, comme des voiles, et les gens étaient là assis, concentrés, oreilles et cheveux au vent. J’ai compris que cet homme, ce poète était de ceux que le monde inquiète, de ceux qui nous parlent de l’humain mais aussi du regard de la nature, du cosmos, avant l’humain, ou d’un autre point de vue que celui de l’humain. Après qu’Ana Arendt ait montré combien les totalitarismes ont déclaré l’humain superflu, nous sommes entrés dans l’ère des conférences sur l’ « obsolescence » de l’humain, et des colloques sur le « post-humain », et j’ai compris que nous avons plus que jamais besoin de la parole de ce poète. 

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