écrivaine-metteuse en scène-plasticienne
maîtresse de conférences
Cie V I A N E G A T I V A (assoc.Théâtre au présent)
Chambres à soi
ACTUALITE.
Lien vers le podcast. https://www.profession-spectacle.com/lydie-parisse-oeuvre-plasticienne/
Exposition "L'Eternel objet de ma décroissance" au Lieu-Commun 25 Rue d'Armagnac 31500 Toulouse. 05 61 23 80 57. www.lieu-commun.fr. Exposition collective. Avec Jacques Barbier, Florian Bonniot, Marlène Côtelette, Célie Falières, Sébastien Girard, Nicolas Michot, David Pujol.
Depuis des années je collectionne des chambres, je veux dire des images de chambres où je suis passée, de chambres où je vis, où j'écris. Je conçois la chambre comme un laboratoire du regard. Depuis des années, je dessine, j'écris, en même temps. Depuis l'enfance. Sur du papier. Je suis née au pays du papier. Dans mon village natal, il y avait trois papeteries, la dernière a fermé en 2015. Du papier j'en ai vu de toutes les couleurs, j'en ai vu dévaler des couleurs dans la rivière, tout près des grandes forêts de mon enfance. Depuis des années j'écris et je dessine sur des carnets, ces carnets je ne les avais jamais montrés, ils me servent à écrire mes textes de fiction, j'en expose ici 106 pages, datant de 2002 à aujourd'hui. Ecrire c'est partir de choses ressenties, ça que je fais dans les carnets, ressentir. Les dessins de femmes de dos sont des arrêts sur images en mouvement, pendant 4 ans nous avons filmé une femme de dos (moi) dans des chambres, elle regarde par la fenêtre, le spectateur ou la spectatrice doit traverser son corps pour regarder, aussi, par la même fenêtre, sans jamais voir la même chose. Chaque humain est un regard unique, une fenêtre unique, sur le monde. Et puis, il y a les bocaux, déjà des prototypes de chambres, cabinets de curiosités de la sensation première des choses.
Le Grand Confinement a amené de manière brutale la question de l'enfermement, et surtout de la liberté. De l'enfermement imposé à l'enfermement choisi - pour regarder, pour méditer, pour créer, comme l'a fait la poétesse Emily Dickinson. Comme l'ont fait des écrivains emprisonnés comme Sade, Jeanne Guyon. L'espace-temps se modifie, les distances entre le lointain et le proche. Le rapport à la limite, à la mort. Le rapport au vivant, à tout ce qui vit. Pendant le Grand Confinement est née une attention à l'infime, une attention à la nature chez les gens des villes, des illuminations profanes ont pu se développer par centaines, peut-être par milliers, on ne sait pas, ça appartient à l'histoire invisible, à celle qui n'est pas écrite, qui ne sera jamais écrite, pas à celle dont nous matraquent les médias, en tous cas."Tout le malheur de l'homme vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre", écrivait le grand Blaise Pascal. "Tout humain porte une chambre en soi", écrivait Franz Kafka, qui n'avait jamais vraiment eu de chambre à soi. Une femme dessine, écrit, regarde par une fenêtre,cette fenêtre est un lieu-passage, un lieu-seuil entre le monde intérieur et le monde extérieur, mais aussi entre le présent et l'avenir. Entre épiphanie et utopie.